WINTZENHEIM 14-18

Wintzenheim 1914 : Lucien Duss, otage des Français


Le récit de Lucien Duss est consigné dans un carnet manuscrit

Il débute par un relevé des courriers et paquets reçus durant sa détention

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Meine Reiseerlebnisse im Kriege 1914/15 als Kriegsgefangener.

Mes aventures durant la guerre 1914/15 comme prisonnier de guerre.

Von Weier im Tal bis nach Béziers

De Wihr-au-Val jusqu'à Béziers

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Traduction des principaux passages

Le 28 août 1914 Lucien Duss, âgé de 15 ans s'en était allé à bicyclette acheter du fromage dans un village du fond de la vallée de Munster avec deux camarades de son âge. Ils sont arrêtés par la patrouille française qu'ils croisent sur leur retour. Après une courte détention dans les Vosges, ils rejoignent Marseille en wagons à bestiaux. Dans toutes les gares du parcours ils sont insultés et maltraités par la population.

Le 9 septembre nous avons continué notre voyage en direction de Marseille. Nous y sommes arrivés le même soir vers 11 heures. On nous a mis sur des voitures et nous avons été conduits au Fort Saint-Nicolas. A Marseille une pierre m'a fait tomber le chapeau de la tête. Et puis un marin a sauté sur la voiture et m'a frappé à la tête. Beaucoup d'entre nous avaient du sang qui coulait de la tête. Mon compagnon d'infortune avait trois plaies à la tête. Oui, ils ont été nombreux à recevoir des coups de couteau ! Nous sommes restés deux jours au Fort Saint-Nicolas. De là nous avons été conduits en bateau sur l'île Château d'If. Là nous avons eu un très mauvais campement. Nous recevions deux fois de la soupe, à 10 heures du matin et à 5 heures de l'après-midi et ça devait suffire pour que nous engraissions. Pas question de café.

A partir de là, j'ai été malade. Nous sommes restés dix jours sur cette île, plus précisément du 12 au 22 septembre. Là j'avais toujours encore l'espoir de rentrer à la maison mais rien ne venait. Le 22 septembre nous sommes allés sur l'île du Frioul. Pendant la traversée, ma maladie s'est encore aggravée. Je n'avais plus d'appétit, mais plus que des douleurs et le mal du pays. Arrivés sur cette île nous avons dû dormir toute la nuit sur un sol de ciment brut. Dormir, c'est beaucoup dire ! Je n'ai fait que penser à la maison et à quand je reverrais mes chers parents, mes frères et mes sœurs. Il y avait deux appels par jour. Et puis la nourriture !... De la viande une fois par semaine et parfois 5 fois du riz à moitié cuit avec de la viande avariée. Nous étions 1000 hommes environ et quelque 300 femmes et enfants. Tous les jours arrivaient de nouveaux convois de prisonniers. Il y avait beaucoup de jeunes du Sundgau. Tous les jours on disait que nous allions entrer chez nous mais il n'en fut jamais rien. J'ai été malade tout un mois. Nous sommes restés là avec cette mauvaise nourriture pendant 3 mois. Enfin, le 1er décembre, après être passés devant une commission, nous sommes arrivés à Béziers, dans l'arène.

Le jeune homme "fête" ses 16 ans à Béziers, est détenu dans le camp de Plaisance dans l'Hérault, est en résidence surveillée à Saint-Claude dans le Jura et ne rentre dans son village que le 26 septembre 1919 après s'être engagé comme volontaire dans l'armée française.

Source : Prisonniers au château d'If et aux îles du Frioul, Jean-Louis Spieser 


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