WINTZENHEIM 14-18

Journal d'une Colmarienne

pendant la guerre mondiale de 1914-1918

Année 1914


Avant-propos

Les lignes que vous allez lire ont été écrites au jour le jour, durant toute la guerre de 1914-1918. Il était cependant sévèrement interdit de noter ses impressions. La prison menaçait celui qui osait confier ses intimes pensées à quelques feuilles de papier. Étant donné que je vivais seule, je ne pouvais communiquer mes réflexions à personne. Au cours des nuits tragiques, alors qu'on entendait le grondement des canons, tantôt rapproché, tantôt plus lointain, alors que les avions ennemis semaient la mort, que la dictature militaire opprimait par trop les Alsaciens et en particulier les Colmariens, j'éprouvai le besoin de prendre ma plume; Nul ne soupçonna l'existence de mon journal. Qu'on ne le prenne pas pour un travail classique. Il doit simplement refléter l'esprit qui régna à Colmar et en Alsace pendant la grande Guerre.

L'Auteur.

Journal d'une Colmarienne pendant la guerre mondiale de 1914-1818

1914 - Traduit par un Colmarien

E. Lévy

Imprimerie "Les Éditions d'Alsace" Colmar


P. 43. - Le 15 août, jour de l'Assomption, destruction de la Chapelle du Letzenberg.

Les faits suivants m'ont été communiqués par des amis de Turckheim.
Après les vêpres, donc vers 15 heures, la chapelle de Letzenberg a été détruite par les troupes allemandes. Cet acte de vandalisme que ne justifiait aucune nécessité militaire, a été rapidement connu à Colmar et à Turckheim, et a suscité une légitime indignation. Les gens se rassemblaient aux portes de la ville pour observer le lamentable spectacle. Le premier coup de canon ouvrit une large brèche dans le mur latéral de la chapelle. Le second abattit le clocher et le troisième fit s'écrouler les murs restants de la petite église. La foule lançait des invectives et des malédictions... Pour elle le résultat de la guerre était certain : l'Alsace devait redevenir française, car les gens qui s'attaquent aux Églises ne peuvent pas triompher...
La chapelle, dédiée à Saint-Antoine, avait été élevée sur le Letzenberg par M. Antoine Herzog, sur les conseils du peintre Henner, à la suite, parait-il, d'un accident survenu à Paris à M. Herzog mais qui n'avait, par miracle, pas eu de suites fâcheuses. La chapelle, visible de tous les coins du pays, était l'ornement du paysage dans lequel l'avait placée l'artiste.


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